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Depuis plus de soixante ans, le multiple champion de tir sportif est licencé au club local. Presque une vie d’homme au cours de laquelle il aura tout gagné.

36- Daniel Labrune - La vie d 'un tireur

Un jour, le président du club de tir sportif de l’époque, M. Caillot est passé à l’école. Monté sur une grande estrade en bois, il nous a parlé de son sport et nous a demandé s’il y avait des jeunes intéressés. Le soir, je demandais une autorisation à mes parents et, quelques jours, plus tard je tirais dans la grange du président où quelques cibles étaient installées pour le peu d’adhérents qu’on était.
C’était en 1960. Soixante-et-un ans ont passé, et depuis, le Déolois Daniel Labrune compte, à son palmarès, une centaine de titres départementaux, une cinquantaine de titres régionaux, une dizaine de podiums nationaux (dont trois titres), 118 sélections en équipe de France, deux podiums mondiaux et même une médaille d’or de la jeunesse et des sports.
Il rencontre son épouse grâce au tirDes chiffres qui donnent le tournis et dont les récompenses trônent dans une vitrine du club-house de l’AS tir de Déols. « Je n’ai pas passé une année sans prendre de licence à Déols, ni un mois sans tirer », confie le passionné. À plus de 70 ans aujourd’hui, il s’est essayé à quasiment à toutes les disciplines : tir au pistolet à 10 m, tir au pistolet à 25 m, tir à la carabine à 50 m, tir au gros calibre, tir au pistolet combiné, tir au pistolet standard. Daniel Labrune a tout appréhendé et gagné dans toutes les catégories, même à l’arbalète, dont il a été champion du monde en 1979.
« Ce que j’aime dans le tir, c’est la précision et la concentration que cela requiert, décrypte-t-il. Après avoir gagné dans le département, je n’avais qu’une idée : aller aux “ France ”. Une fois ce pallier franchi, c’est devenu la quête à la médaille. Celle-ci obtenue, on veut aller encore plus loin et ainsi de suite. C’était dur au début parce que j’étais chaudronnier-soudeur. Puis, j’en ai eu marre et je suis rentré aux télécoms et heureusement d’ailleurs car, sans ça, je n’aurais jamais pu exercer ma passion à ce niveau. »
Le sacrifice de la scène mondialeMais dans les années 1980, alors qu’il est à son apogée, l’Indrien décide de ralentir. « J’ai choisi d’arrêter la compétition internationale. C’était trop de sacrifices. Il fallait s’entraîner sur cible tous les jours, et quand on ne tirait pas, c’était des footings de 15-20 bornes dans les champs. C’est pour ça que maintenant, ça bouge un peu », rigole Daniel, en montrant ses articulations.
Certes, le sportif a tout donné au tir, mais le tir le lui a peut-être rendu au centuple. « C’est grâce à ça que j’ai connu ma femme, raconte-t-il le sourire aux lèvres. Elle faisait du tir à Châteauroux avec toute sa famille. Non seulement, on s’est mariés mais en plus je l’ai ramené, elle et sa famille, au club de Déols ! »
Son seul regret : que ses enfants n’aient pas repris le flambeau, « et pourtant ça tirait bien ». Alors, depuis trente ans, son savoir quasi encyclopédique, il le transmet aux jeunes générations. « J’aimerais bien voir la suite, qu’un gamin ou deux s’impliquent dans la compétition puis la transmission. À Déols, nous avons quelques jeunes prometteurs. »
En attendant, Daniel vient chaque semaine au stand pour observer, conseiller et enseigner. Sans oublier, de temps en temps, de faire un championnat ou deux. Un gagnant reste un gagnant, même à plus de 70 ans…

L’autre projet de Daniel Labrune : la construction d’un nouveau stand de tir à 10 m. « J’ai fait les plans avec un ami charpentier. Les travaux devraient coûter 230.000 €. On aimerait bien que la mairie gère le dossier. Moi j’ai dit à Pascal (Garrivet, le président du club) que si la Ville de Déols ne s’en occupait pas d’ici 2022-2023, je ne reprenais pas de licence ! D’autant plus que le Département, via Marc Fleuret, m’a assuré qu’il prendrait en charge 30 % du chantier. »

Copie de la N.R